“Laissez parler votre esprit, même si votre voix tremble.” – Maggie Kuhn
Pendant des années, j’ai eu besoin de savoir ce qui allait se passer dans l’avenir proche. Je n’étais pas satisfait de vivre dans le moment présent. Pour moi, laisser les choses se passer naturellement me rendait anxieux.
Savoir – ou tout au moins penser savoir – était rassurant. Cela me permettait de rester aux commandes et de faire face aux éventuels imprévus. Rien que l’idée de générer un problème que je ne pourrais régler me rendait nerveux et anxieux. Tellement, que j’étais alors devenu une sorte de “paillasson”, incapable de m’affirmer ou de dire ce que j’avais à l’esprit.
Pour moi, tout le monde était un potentiel “problème”. Un peu comme une bombe prête à exploser à n’importe quelle moment, pour un oui ou un non. Par conséquent, j’évitais constamment les situations sociales pour préserver ma paix intérieure.
Bien sûr, je me retrouvais souvent face à des gens au quotidien, c’est inévitable. Mais en même temps, j’évitais à tout prix de trop faire de vagues de crainte que mes intentions soient mal interprétées. Mes conversations étaient banales et se contentaient du strict minimum.
J’essayais alors de catégoriser les personnes autour de moi en fonction de leur humeur. Ceux à éviter d’approcher, et ceux qui semblent assez sûrs pour le moment. En bref, je cherchais à contrôler l’incontrôlable : la nature humaine.
J’ai commencé lentement mais sûrement, à être obsédé par l’idée que mes quelques amis m’en voulait dès qu’ils ne me recontactaient pas rapidement. Je leur disais au revoir puis je passais l’heure d’après à croire qu’ils ne voudraient plus me parler le lendemain.
C’était épuisant, car dès que j’arrivais à me convaincre que l’un d’eux était en bons termes avec moi, je me mettais à douter d’un autre. Je me souviens d’un moment particulièrement stressant pour moi.
J’avais un amie qui avait commencé à adopter une nouvelle attitude ; alors qu’elle était plutôt réservée et indécise, elle s’est mise à adorer la polémique et à devenir “instable”.
Bien que je n’étais pas en conflit avec elle, je l’ai vue se disputer avec mes autres amis sur une opinion quelconque. D’un coup, j’ai eu l’impression d’avoir affaire à une personne intimidante, presque menaçante. Le simple fait d’avoir vu qu’elle se disputait pour un rien, a contribué à ma crainte qu’elle pourrait par la suite m’en vouloir à un moment ou à un autre et couper les ponts.
J’ai donc tout fait pour maintenir une bonne entente entre nous. Malgré tout, elle continuait régulièrement à avoir ses sautes d’humeurs.
Je me souviens un beau jour l’avoir regardée, puis m’être dit que cela m’était égal au final si elle ne m’adressait plus la parole. J’ai ressenti comme un déclic, je me sentais ridicule d’avoir perdu autant de temps pour quelque chose d’aussi futile.
Lorsqu’elle avait ses sautes d’humeurs, je la laissais dans son coin puis je restais avec mes autres amis. Et ce qui est fou, c’est qu’elle est revenue peu après me demander ce qui n’allait pas.
Tout le monde était si habitué à me voir dans le rôle du médiateur, que lorsque j’ai arrêté d’essayer de maintenir la paix à tout prix, ceux-ci ont commencé à me considérer comme une vraie personne avec son propre avis plutôt qu’un paillasson vivant.
C’est incroyable ce qui se produit lorsque vous arrêtez de vous prendre la tête, et de vous inquiéter pour certaines choses. Lorsque vous laissez parler votre esprit, vous envoyez un message aux gens autour de vous. Celui d’avoir une voix et que vous ne craignez pas de l’utiliser.
Bien sûr, je ne peux pas parler au nom de tout le monde. Ceci dit, je respecte plus une personne qui dirait ce qu’elle pense, plutôt que quelqu’un qui se tait parce qu’il préfère accepter ce que les autres disent – même s’il pense être d’accord avec eux.
Rien dans la vie n’est certain. Pourtant, à un moment nous avons tous essayé de nous accrocher au passé, de résister au changement. Certains ont même compromis leur intégrité juste pour soutenir l’idée d’être sûrs de quelque chose, qu’il existe des choses immuables sur lesquelles se reposer.
Mais il existe un pouvoir dans le fait d’être incertain, en permettant à la vie de suivre son cours, en répondant plutôt qu’en contrôlant. Lorsque vous acceptez l’incertitude, vous pouvez répondre au moment présent, plutôt que de suivre un plan impliquant tout le monde et que seul vous avez à l’esprit.
Vous avez besoin d’aide pour accepter l’incertitude et ainsi pouvoir vous affirmer ?
Attendre que l’autre change pour s’adapter à vos désirs est une illusion. Ce serait comme un accord passé entre deux personnes, mais dont une seule personne serait au courant. Vous pouvez toujours imaginer que vous savez comment une personne va réagir – vous pouvez même l’espérer – si vous faites telle ou telle chose, mais au final, rien n’est certain.
En même temps, ne laissez pas la pensée “Et si il se passait [X ou Y] ?” vous empêcher de parler et de vous affirmer, si quelque chose vous dérange. Autorisez-vous à le faire et ce qui doit être sera. N’attendez pas que la situation évolue en votre faveur, ou encore que les étoiles s’alignent enfin pour vous permettre de dire ce que vous avez sur le cœur.
Chaque fois que vous ne prononcerez pas ces mots qui vous restent en travers de la gorge, vous ressentirez une profonde haine envers vous-même. Vous vous en voudrez et chercherez à oublier que vous vouliez les dire. Peu à peu, vous effacez votre identité, vous ne devenez plus personne. Vous n’avez plus d’avis, ni de sentiment. Est-ce vraiment ce que vous voulez ?
J’aime suivre cette règle très simple. Si une situation vous inquiète et vous rend anxieux, demandez-vous si cela aura de l’importance dans deux ans. Soyez honnête avec vous-même et projetez vous dans cette situation complètement.
Puis repensez quelques années en arrière à toutes les fois où vous vous êtes inquiété de vous affirmer et/ou d’être vous-même. Ces situations vous affectent-elles encore aujourd’hui ? En supposant que vous puissiez même vous en souvenir, je parie que non.
Même la situation la plus effrayante, la plus ridicule (quid du ridicule qui ne tue pas) ou gênante n’aura plus d’effet sur vous deux ans plus tard. Et ce n’est pas une vue de l’esprit. Une fois que cette règle est intégrée, il est plus simple d’être plus serein(e) face à l’anxiété que vous pouvez ressentir.
Peut-être un collègue est en train de faire quelque chose qui vous ennuie, ou encore semble avoir un problème avec vous. Et vous stressez de mettre les choses à plat avec lui, parce que c’est un collègue et que vous devez travailler avec lui, et que ça pourrait être gênant et blah blah blah.
La vérité c’est que rien ne changera si vous ne faites rien. Cette personne est-elle si importante que ça ? Dans tous les cas – si vous ne faites rien – les choses resteront à l’identique, alors pourquoi ne pas essayer une approche différente et voir ce qui se passera ?
Utilisez la technique du décentrage. Imaginez votre meilleur(e) ami(e) qui dirait à voix haute, la même chose que ce que vous vous dites mentalement. Que lui répondriez-vous ? Imaginez le/la dire “j’ai peur de faire X ou Y parce que Z”. Je pense que vous avez probablement déjà des idées en tête.
Ou encore imaginez quelqu’un qui vous inspire, dans la même situation que vous. Que ferait-il/elle ? Il est fascinant de voir à quel point nous avons du mal à faire/penser pour nous-même, alors que nous arrivons parfaitement à voir/l’imaginer pour les autres.
Arrêtez donc de vous installer confortablement dans l’inconfortable, au risque de jouer un jeu pervers. Parfois, il est nécessaire de secouer l’ordre établit pour retrouver un nouvel équilibre, plus serein et sain.
Cela arrivera. Ce ne sera pas de tout repos lorsque vous déciderez enfin d’arrêter de danser au rythme du tambour des autres. Restez simplement calme, et affrontez ceux qui sont en désaccord avec vous d’une façon mature. Même s’ils sont immatures et qu’ils répandent des critiques ou des choses erronées sur votre compte.
C’est un exercice difficile au début. Mais cela paye, lorsque vous réalisez que vous n’avez pas à vous cacher derrière des cris ou des pleurs pour exprimer votre point de vue.
Tenez-vous prêt(e) à dégainer vos arguments, car c’est vous-même que vous défendez. Et chaque fois que vous le faites, c’est un peu comme si vous preniez soin de vous-même. Lorsque vous considérez enfin que vous avez de la valeur et de l’importance, croyez-moi que l’on se sent incroyable après, quoi qu’il arrive.
Et voici une dernière astuce : Prenez du temps pour vous. Lorsque finalement, vous prenez le temps de vous détendre, il se produit des merveilles sur votre confiance en soi. Vous ne retomberez pas dans cette mauvaise manie de vouloir tout contrôler à l’extérieur, et pouvoir vous recentrer enfin sur vous-même.
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Salut Adam!
l'astuce numéro 2, je l'a prends :)
Pensez-que dans deux ans, la chose n'aura pas d'importance aide à relativiser et à s'affirmer, c'est sûr!
C'est vrai qu'il faut osez contredire. Il faut dire aussi qu'on a du mal à s'affirmer parce qu'on redoute la réaction des autres. Comment mon ami va t-il le prendre? Sera t-il blessé ? Du coup, on ne s'affirme pas de peur de malmener l'autre émotionnellement.
Il y a un moyen d'être soi-même sans nuire aux autres. Comment? On opte pour une communication bienveillante. Le but, rester honnête avec soi-même tout en demeurant respectueux envers les autres.
Agnès
Bonjour et merci pour ton commentaire Agnès, bien communiquer c'est effectivement la base de tout échange :)
A partir du moment où ce que l'on a à dire ne nuit pas aux autres, il faut se lancer et ne pas se refréner.
Bien souvent nous avons des choses pertinentes et intelligentes à dire, bien que nous n'osons pas le faire. Et c'est dommage à la fois pour nous mais surtout pour les autres qui auraient pu en profiter.
En prenant le temps de relativiser la situation, l'on peut se permettre de dire ce que l'on à dire sans se faire peur ou s'imaginer de mauvaises réactions :)
Adam.