« Que vous pensiez que vous pouvez ou ne pouvez pas faire quelque chose, vous avez raison. » – Henry Ford
Nous ne mesurons que rarement l’impact de nos croyances sur notre vie de tous les jours. Pourtant, elles suffisent à elles seules à distordre nos perceptions de la réalité, mais aussi l’image que nous renvoyons inconsciemment à autrui.
Tout comme la méthode Coué, cet effet sur les croyances est maintenant bien connu dans les milieux professionnels et éducatifs. C’est l’effet Pygmalion.
Au programme de cet article :
Il a été découvert par Rosenthal et Jacobson (1968), ils décrivent alors ce qu’on appelle “une prophétie auto-réalisatrice“, en faisant une expérience très simple.
Tout d’abord, ils entrent tous deux dans une école populaire assez défavorisée à San Francisco en se faisant passer pour des statisticiens envoyés par l’université d’Harvard. Puis ils font passer une série de tests de QI à tous les élèves. Ils s’arrangent ensuite pour que les enseignants prennent connaissance des résultats, en leur faisant croire qu’il s’agissait d’une erreur de transmission de courrier.
Toutefois, les résultats qu’ils reçoivent ne sont pas les résultats réels du test de QI, mais des notes distribuées aléatoirement. Ainsi, 5 élèves ont été sélectionnés aléatoirement dans chaque classe, et en plus, chacun de ces 5 élèves avait une fiche indiquant “qu’il ne serait pas surprenant qu’ils fassent des progrès inattendus pendant l’année“.
L’année se déroule normalement, puis à la fin de l’année scolaire, ils refont passer un test de QI à tous les élèves. Ils comparent alors la progression des élèves normaux, à ceux qui avaient été aléatoirement désignés comme « prometteurs ».
Au moment de l’expérience, l’école d’Oak School comptait 6 niveaux (du CP à la 6ème), et 3 classes par niveau. Les résultats de progression des élèves sont montrés dans le graphique ci-dessous, pour chacun des niveaux :
Comme vous pouvez le constater, les élèves désignés comme « prometteurs » (en rouge) ont en moyenne progressé plus fortement pendant l’année que les autres élèves (en gris). Le résultat est particulièrement flagrant dans les petites classes du CP (Grade 1) et CE1 (Grade 2)
En plus d’avoir mieux réussi au test, ces élèves « élus » ont été jugés par leurs professeurs comme “plus performants et plus agréables” que les autres. Mais rappelez-vous, ces élèves avaient en réalité été choisis au hasard !
Comme le montre ce schéma, c’est une boucle qui s’auto-renforce avec le temps.
Pour mieux comprendre l’expérience de Rosenthal et Jacobson, il faut savoir que tout s’est joué au niveau de l’inconscient des professeurs. Car personne ne peut être parfaitement objectif, encore moins lorsqu’il s’agit d’éducation.
Ainsi, les professeurs vivent avec un certain nombre de croyances sur la capacité de leurs élèves à réussir en classe. Ces préjugés sont basés sur le parcours scolaire, l’origine ethnique, le milieu social, etc… de l’élève.
Ces croyances sont ensuite manifestées par le langage corporel : la posture ou le ton de voix du professeur diffèrent selon à qui il s’adresse, et cela suffit à renvoyer à un enfant une image positive ou négative de lui-même.
Un professeur par exemple se rendra lui-même moins disponible et moins attentif à un élève qu’il juge médiocre. Il n’attendra pas de lui qu’il réussisse un examen, contrairement à un élève qu’il juge bon.
Par conséquent, si un élève ressent inconsciemment qu’il a une image médiocre chez l’enseignant, il se conformera à cette image, en ayant par la suite des résultats médiocres. C’est ce qu’on appelle l’effet Golem.
Voici d’ailleurs une petite liste de 13 facteurs (non-exhaustive) qui pousseraient un enseignant à avoir des attentes faibles vis-à-vis d’un élève :
Mais ces deux effets ne s’appliquent pas uniquement aux les élèves. Avant de faire son expérience sur les élèves d’Oak School, Rosenthal l’avait faite sur des rats ! Il avait pour cela constitué deux groupes d’étudiants qui avaient pour tâche d’entraîner des rats à sortir d’un labyrinthe.
Au premier groupe, on avait dit que les rats avaient été génétiquement sélectionnés pour leur capacité à sortir des labyrinthes. Au deuxième groupe, on leur avait fait croire que leurs rats étaient particulièrement stupides. Eh bien devinez quoi : bien que les rats des deux groupes étaient identiques, ceux du premier groupe réussissaient mieux que ceux du second à sortir du labyrinthe !
L’explication est très simple, les étudiants avaient manifestés de l’amour, de l’enthousiasme au premier groupe de rats tandis qu’ils avaient exprimé du dédain et de l’indifférence aux rats du second groupe. Et ces rats ont agis conformément à leurs attentes.
Ces deux phénomènes existent même dans les tests des traitements médicaux, c’est l’effet placebo. L’effet placebo, c’est simplement penser qu’un effet positif se produira si jamais vous prenez un certain produit / médicament, indépendamment de ses effets réels.
À l’inverse, il existe aussi le versant négatif : l’effet nocebo. Il apparaît lorsqu’une personne pense qu’un certain produit produira chez elle des effets néfastes, alors que le produit / médicament lui-même est inoffensif.
Auparavant, pour évaluer l’efficacité d’un nouveau médicament, on le comparait avec un ancien traitement. Cela dit, pour éviter que le patient ne soit influencé, celui-ci ne savait pas lequel des deux traitements il recevait : on dit que le test est fait en aveugle.
Mais à la suite des travaux de Rosenthal, l’industrie pharmaceutique a constaté que si le médecin traitant savait ce que le patient recevait, alors il influençait aussi inconsciemment le résultat ! C’est pourquoi l’on réalise maintenant toutes les études pharmacologiques en double aveugle : ni le patient, ni le médecin traitant ne savent quel traitement est donné.
L’effet Pygmalion est donc utile pour obtenir des effets positifs chez les autres, à partir du moment où nos attentes sont aussi positives. À l’inverse, l’effet Golem est nocif à la fois pour nous-mêmes puisqu’il valide nos croyances négatives, mais aussi pour les autres qui continueront à s’auto-saboter. Ainsi il est préférable pour soi, de n’attendre que du positif des personnes qui nous entoure.
C’est pourquoi il faut éviter de formuler des remarques négatives envers son entourage, ses amis et ses collègues. Plutôt que critiquer, il est plus utile de se focaliser sur l’amélioration que l’on aimerait voir chez les autres, et l’exprimer. Pour cela il existe une méthode très efficace : La technique du Sandwich.
La méthode Sandwich est une méthode de communication utilisée en coaching pour exprimer un avis sans blesser l’autre. Comme vous le savez, il est souvent assez difficile de donner son opinion sur un acte ou comportement, surtout quand celui-ci est négatif à vos yeux. Pour pallier à cela, la technique du Sandwich permet de dire les choses de manière constructive sans heurter la sensibilité de votre interlocuteur.
Pour cela il y a 5 points essentiels à respecter :
Pour construire votre sandwich, il faut l’imaginer en 3 parties :
Voici un exemple pratique de tout cela :
Comme vous le voyez, il est possible d’adapter la méthode Sandwich dans toutes les circonstances. Cela permet d’avoir des échanges apaisés, sans pour autant créer un drame à chaque critique.
Vous savez maintenant que vous avez un fort pouvoir d’influence sur vous-même et les autres. N’attendez donc des gens que le meilleur grâce à l’effet Pygmalion, et permettez leur de s’améliorer en formulant correctement vos critiques. En un rien de temps, vous verrez vos relations s’épanouir !
Pour cela, vous devez être conscient(e) de vos pensées et émotions, pour les corriger immédiatement dès qu’elles ne vous servent pas.
Par la même occasion, protégez-vous de l’effet Golem en refusant d’entendre toutes ces phrases de ces personnes qui vous rabaissent. Ceux qui vous disent que vous n’êtes pas capable de faire X ou Y, que vous rêvez trop grand, que vos valeurs et idéaux sont dépassés, et n’en formulez pas vous-même pour les autres.
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bonjour... Je suis enseignant d'agronomie. Et aujourd'hui, j'ai compris pourquoi mes étudiants m'aimaient. Je vous remercie, je vais d'avantage être plus attentif aux étudiants "plus faible". Soyez bénis