“L’impuissance acquise est une réaction d’abandon, la réponse fataliste qui suit cette fameuse croyance : que tout ce que vous faites n’a pas d’importance.” – Arnold Schwarzenegger
Au programme de cet article :
L’impuissance acquise (ou impuissance apprise) est un processus de résignation qui se produit lorsqu’un être humain (ou un animal), est sujet de manière répétée à un stimulus perçu comme négatif, auquel il ne peut échapper.
De plus, même lorsque des moyens de sortir d’une telle situation sont présents, cette impuissance acquise fera en sorte que la personne n’agira pas.
Ce phénomène a été découvert par le psychologue Martin Seligman, après avoir effectué une petite expérience avec des chiens :
Dans la première partie de l’expérience, trois groupes de chiens sont attachés à un harnais.
Dans le premier groupe, les chiens sont simplement attachés à leur harnais pendant un court instant, puis sont libérés.
Le deuxième groupe reçoit intentionnellement un choc électrique, que les chiens peuvent arrêter en pressant un levier.
Le troisième groupe est attaché en parallèle aux chiens du groupe 2, et subissent le même choc électrique, par contre ils n’ont pas la possibilité d’arrêter le choc.
Les chiens du 3e groupe ne peuvent pas agir d’eux-mêmes pour arrêter le choc, il faut qu’un chien du groupe n°2 actionne son levier.
Au final, les chiens des groupes 1 et 2 se rétablissent rapidement de l’expérience mais les chiens du groupe 3 ont appris à être impuissants et ont montré des symptômes similaires à la dépression chronique.
Dans la deuxième partie de l’expérience, les mêmes groupes de chiens ont été mis dans un nouveau dispositif où il suffisait de sauter par dessus un petit muret pour éviter le choc. Les chiens du groupe 1 et 2 ont sauté par dessus le muret, toutefois tous les chiens du groupe n°3 qui avaient “appris” qu’il était impossible d’arrêter les chocs, restaient passivement immobiles et gémissaient.
Bien qu’ils auraient pu facilement échapper aux chocs (comme l’on fait les chiens des groupes n°1 et n°2) ceux-ci n’ont même pas essayé.
Seligman a ainsi pu tirer quelques conclusions de cela : un traumatisme ou des expériences traumatiques bloquent toute motivation à trouver une solution. Ainsi, elle empêche l’individu de chercher de nouvelles façons pour l’éviter à l’avenir. Cela a alors pour conséquence de rendre apathique les personnes ayant vécu un traumatisme – quel qu’il soit – si celui-ci se répète.
À moindre échelle, les personnes pessimistes qui voient des événements négatifs en permanence et utilisent des phrases comme : “Ça ne changera jamais“, ou plus personnel “C’est de ma faute“, ou encore en les généralisant “Je ne sais rien faire correctement“, ont tendance à souffrir plus souvent d’impuissance acquise et de dépression.
L’effet de l’impuissance acquise est motivationnel (vous n’essayez même plus), émotionnel (vous vous résignez) et cognitif (vous généralisez une expérience à d’autres contextes). C’est pourquoi l’impuissance acquise peut être assimilé à une croyance négative, dont il est difficile de se défaire. Voici d’ailleurs un petit diagramme :
D’après Seligman, il existe deux types d’impuissance acquise qui peuvent conduire à un état de dépression :
Les personnes qui se sentent universellement impuissantes auront tendance à trouver des raisons externes à leurs problèmes et à leur incapacité à les résoudre, tandis que celles qui se sentent personnellement impuissantes auront tendance à trouver des raisons internes.
D’ailleurs, les personnes qui se sentent personnellement impuissantes sont plus susceptibles de souffrir d’une faible estime de soi, puisqu’elles pensent que les autres pourraient probablement résoudre les problèmes qu’elles se sentent incapables de résoudre.
L’impact sur l’estime de soi et la force de la dépression n’est également pas la même pour une impuissance ponctuelle (un court événement où l’on s’est senti impuissant), par rapport à une impuissance chronique (un sentiment d’impuissance sur une longue période de temps).
L’impuissance acquise peut prendre différentes formes dans la vie de tous les jours. Son impact n’est d’ailleurs pas négligeable sur soi ou sur les autres. En voici quelques exemples :
L’impuissance acquise en classe
La première solution serait de comprendre les raisons d’un échec, d’une situation déplaisante et de chercher de l’aide pour s’en sortir. Cela dès son apparition, plutôt que de reproduire les mêmes comportements en espérant qu’il y ait une autre issue (ce qui ne se produira pas bien entendu).
Une autre solution possible provient de la suite de l’expérience mentionnée au début de l’article.
Il s’est trouvé que le 3e groupe de chiens dans l’expérience ont finalement réussi à se sortir de l’impuissance acquise, lorsque les expérimentateurs ont porté ces chiens par dessus le muret, plusieurs fois. En faisant cela, ils leur ont montré qu’il était effectivement possible de se sortir de cette situation et ils ont pu alors sauter d’eux-mêmes lorsque l’expérience a été renouvelée.
Ainsi, en montrant à une personne en difficulté comment s’en sortir et en l’y motivant, il est possible de l’apprendre à se défaire de situation d’abus ou déplaisantes pour elle. Pour cela, il lui suffit de vivre une minuscule partie de ce qui l’effraie.
Cela peut être par exemple, de parler avec un petit groupe de personnes si parler en public lui fait peur. Ou encore, de regarder une image qui fait référence à la situation qui la bloque. Ce type d’action est d’ailleurs à la base des thérapies comportementales (TCC) que nous verrons par la suite.
Selon le contexte il existe aussi d’autres solutions. Par exemple pour les étudiants :
Parmi les stratégies efficaces, l’apprentissage de l’échec est particulièrement important car la psychologue Carol Dweck a montré que des personnes échouant à des tâches après un grand effort et auxquels on a demandé de réfléchir à la cause de leur échec, résistaient beaucoup mieux à l’impuissance lorsqu’ils échouaient à nouveau. Cela a permis de mettre à jour le concept de résilience.
D’après Seligman, l’autre force qui s’oppose à l’impuissance acquise est l’optimisme. L’optimisme pouvant être appris, cela permet aux personnes d’imaginer un avenir plus positif plutôt qu’une répétition de la même situation problématique (qui provoque l’impuissance acquise).
La meilleure défense contre l’impuissance acquise est ainsi de voir une mauvaise situation comme quelque chose de temporaire, localisé et contrôlable plutôt qu’un problème permanent, global et incontrôlable.
Pour se défaire de l’impuissance acquise, il existe également des thérapies comportementales basées sur le conditionnement classique. Le conditionnement classique permet de changer un comportement, et un certain nombre de techniques existent pour faciliter ce changement. Voici un petit aperçu de celles-ci :
L’inondation : Cette technique expose les personnes qui ont peur d’un objet ou d’une situation, à la revivre intensément et rapidement. Elle est souvent utilisée pour traiter les phobies, l’anxiété et d’autres troubles liés au stress. Durant la thérapie, l’individu est empêché de s’échapper ou d’éviter la situation.
Par exemple, une personne qui a la phobie des chiens sera exposée à un petit chien amical durant une longue période de temps durant laquelle il ou elle ne pourra pas fuir. Après des expositions répétés au chien durant lesquelles rien de mauvais ne s’est produit, la peur des chiens disparaît progressivement.
L’EMDR fonctionne sur le même principe en faisant revivre une situation traumatique jusqu’à ce qu’elle devienne plus supportable.
La modélisation (qui existe également en PNL) : celle-ci permet à travers l’observation du comportement des autres de modifier ses propres comportements. Une personne timide par exemple pourrait observer comment une personne plus à l’aise socialement réagit avec son environnement et progressivement, s’accaparer quelques traits de caractères qui l’aideront à sortir de sa timidité.
L’Hypnose : en suggérant à la personne via son inconscient de revoir en imagination l’objet de sa peur, l’hypnothérapeute peut alors la désensibiliser après plusieurs séances.
Toutes ces solutions permettent de prendre du recul sur cette impuissance qui bien qu’acquise, n’est pas une fatalité. Il ne tient qu’à nous de changer nos comportements pour faire évoluer notre vie !
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Un sadique ce Seligmann ...Pour faire cela à des êtres doués de sensibilité , il faut cruellement manquer d'empathie .Le génie et la perversion ne sont pas incompatibles .Le peuple allemand l'a prouvé pendant la deuxième guerre mondiale .
Bonjour,
Ce thème est très intéressant car c est un sujet tabou ds notre société.... Pourtant ns Avons tous eux des moments difficiles à vivre....
Mon ex est toujours amoureux après 3 ans que je L ai quitter et il me tel ta les jours et j arrive pas avancer ds ma vie il est tjrs là et moi j'ai de la peine à me faire respecter....
Il comprend pas que j'ai besoin d avancer sans lui.....
Je n arrive pas trouver le bon équilibre...
Il me prend bcp d énergie c fatiguant
Il y a aussi le syndrome de l'imposteur, qui est une sorte d'impuissance acquise auto-imposée
Bonjour Adam et merci pour ce bel article.
Comme vous offrez généreusement que l'on puisse le partager, je me permets de le retranscrire intégralement, en faisant figurer votre nom et l'adresse de votre blog, dans un mémo de formation à l'entretien dans la relation d'aide que j'anime prochainement.
Je prendrai le temps de lire plus avant votre blog qui me paraît d'une grande richesse.
Bien à vous
Christine
Bonjour Christine,
Merci pour vos mots agréables. Le contenu du blog est fait pour être partagé avec le plus grand nombre, merci donc de contribuer à diffuser ces informations !
Bien à vous,
Adam.
Je fais souvent des rêves d'inondation ou de paralysie (je ne peux ni bouger, ni parler) vous imaginez ma détresse, c'est horrible ! Heureusement que c'est juste un rêve ou plutôt un cauchemar mais pourquoi ça revient souvent comme ça ? dans la vie de tous les jours je n'ai pas ce problème, je peux parler et bouger normalement, je ne comprends pas, si vous avez une explication à ça...
Il y a aussi l'inondation, j'étais dans un escalator qui montait vers le plafond, pour ne pas toucher le plafond, j'essayais de descendre de l'escalator et en bas, il y a l'eau qui qui commençait à inonder tout, pour moi c'était le comble de l'horreur ! En haut, je risque de me heurter au plafond et en bas c'est l'inondation, c'est absurde comme situation et quelle imagination de l'esprit ! Je préfère un rêve tout simple
On est presque tous victimes de ce phénomène. J'ai plusieurs fois eu l'impression de cette impuissance, comme si je m'autoconditionnais à ne pas pouvoir changer une situation déplaisante. Je compte suivre les conseils énumérés dans ton article pour pouvoir changer certains habitudes m'empêchant de passer à l'action. Cordialement!